Bon, tout ça pour dire qu'entre-temps, ma bichette est entrée en maternelle, et nous ne dormons toujours pas terriblement bien. Mais elle dort mieux. Ses frères, en revanche, on a vu mieux.
Ils ont six mois, et il y a pile un an, quasi jour pour jour, nous apprenions que si j'étais fatiguée, lourde, et si mon ventre avait si vite pris la forme significative de la grossesse, c'était parce que j'avais deux colocataires dans mon utérus.
"Et là, c'est le drame". Un peu, oui. Enfin, non. Disons que quand on vous annonce qu'il y en a deux, ce sont d'abord les nerfs qui lâchent. On rit, on jure, on est légèrement incrédule. Par contre, après, dans la rue, on vomit dans une poubelle, et pas à cause des nausées de la grossesse.
Et puis après, on vous parle monozygote, monochoriale, mais biamniotique, quand même, faut pas déconner. Des jumeaux issus du même oeuf. "Mais je n'en ai pas dans ma famille?" - "Ah ben ça, madame, c'est le hasard."
STT, surveillance, écho tous les quinze jours, déclenchement à 37SA. Reposez-vous, reposez-vous, et surtout: reposez-vous (trop facile).
On passe les cinq mois suivant l'annonce à se préparer à l'idée que deux bébés vont bientôt rejoindre la famille, qui va devenir nombreuse. A vérifier que tout va bien, parce que c'est une grossesse risquée. A soutenir le regard de plus en plus inquisiteur des passants, et à subir gentiment les remarques soulignant la circonférence anormale de son ventre. A répondre "non non, on ne s'y attendait pas, non il n'y en a pas dans la famille, non, on n'a pas eu recours à la PMA, oui, ce seront des jumeaux monozygotes, deux garçons." On se demande comment on tient debout. On a mal partout, et au dos en particulier. On ne parvient plus à dormir, entre les douleurs et l'appréhension.
Mais on est heureux. Oui, oui, vraiment. Bon, ça n'a pas l'air comme ça, avec les cernes. Mais en réalité, on est assez impatients.
Et enfin, un jour de douleurs, de fatigue, de ras-le-bol, on vous dit que votre tension n'est pas top, que vous avez des oedèmes, et qu'il va falloir accoucher demain. Demain. Demain. Demain. Demain. Quoi?????!!!!
Et puis... une parenthèse enchantée, un jour étrange, une atmosphère, une bulle, ils naissent, et tout est parfait, ils sont parfaits. Nos fils.