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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 21:06

Aaaah, la maternité! ce n'est pas aujourd'hui que je vous raconterai ses joies et ses peines (c'est beau) mais par contre, c'est aujourd'hui que je vais vous révéler ce que vous ne voulez pas savoir: comment la maternité rend les liens mère-fille (ou grand-mère/mère plutôt) tendus.

 

A la base, il y avait déjà les petites disputes, les discussions animées, les énervements mutuels. Et puis, lorsque je suis tombée enceinte, ou en fait, plutôt, quand ma grossesse était déjà bien avancée (on ne va pas se mentir, la remise en question a mis un peu de temps à arriver jusqu'au cerveau), j'ai commencé à m'interroger sur les rapports entre une mère et sa fille. D'autant plus que j'attendais moi-même une merveilleuse petite merveille, et que je voulais comprendre comment je pouvais être aussi exaspérée par ma mère (et vice versa, je pense).

 

Une mère et son fils, c'est pas compliqué, un p'tit coup d'Oedipe et le tour est joué (ahahah, trop facile... Oui, bon, je n'ai pas encore de garçon, je changerai d'avis en temps voulu). Par contre, entre une mère et sa fille, beaucoup de choses entrent en compte: la mère devient un modèle et une rivale. 

 

J'ai d'abord lutté de toutes mes forces contre ma mère, de manière inconsciente, bien sûr. Encore à mon âge, je suis toujours influencée par sa volonté, et j'ai toujours besoin de son aval pour faire quelque chose, même si c'est de manière inconsciente.


Exemple: dès que ma fille est née, j'ai eu envie de prendre un congé parental car je ne me voyais pas reprendre au bout de deux mois et demi (quelle blague!). Mais ma mère est une sacrée bosseuse, et, sans être féministe, militante (ce dont elle a horreur), elle l'est quand même finalement.

Je lui ai donc parlé d'abord de mon envie de reprendre à temps partiel. Tête dubitative: "Oui, bon, tu verras quand ta fille sera là...".

Je lui ai ensuite dit que je comptais prendre un mi-temps, tête un peu affolée: "Mais tu sais, tu ne vas pas gagner beaucoup d'argent, et puis ci et puis ça". Bon, ça m'a l'air mal barré pour dire qu'en fait, je n'y retourne pas.

Donc j'ai suggéré: "Tu sais, maman, si je m'écoutais, je prendrais un congé parental jusqu'à septembre... Maaais je sais qu'il faut que je reprenne, hein, sinon, ça va faire une trop longue coupure, et gnagnagnaaa".

Et puis, les vacances de Noël sont arrivées, avec la présentation de ma magnifique fille à la famille, à mes tantes. Et elles de dire "Tu reprends quand? Ah si tôt?", et "Moi j'ai pris un congé parental", "Moi je n'aurais pas pu reprendre".

Si bien qu'un jour de janvier, alors que je me plaignais pour la 258e fois de devoir reprendre, ma mère me sort: "Oh, tu sais, je pense que c'est bien de prendre un mi-temps, peut-être même de ne pas travailler. Tout le monde m'a dit que tu reprenais très tôt, et que c'était dur, et que tu devrais prendre un temps partiel voire t'arrêter un peu...". Merci, maman, c'est JUSTE ce que je me dis depuis le début.

Je me suis bien évidemment engouffrée dans la brèche, et hop, j'ai pris mon congé parental (et entre nous, je ne le regrette pas du tout.)

 

Le même schéma se répète à l'infini. Le problème, c'est que je suis à l'opposé de ma mère, dans les idées éducatives. Enfin, j'exagère, mais disons qu'elle est de la génération "liberté des femmes", et moi, je suis plutôt dans le trip "retour aux sources", j'entends par là, essayer de donner le meilleur à ma fille, en supprimant les trucs trop toxiques, par exemple (j'en parle ici). Mais bon, c'est sûr que c'est le genre de trucs qui paraît aux femmes de la génération de ma mère un regrettable et hallucinant retour en arrière...

Je compte allaiter au moins jusqu'à six mois, je me mets doucement aux couches lavables, j'apprends à masser mon bébé, et je ne la laisse pas pleurer... (enfin, ça, c'est une autre histoire). Je vous reparlerai de tout ça, mais là, ce qui m'intéresse, et qui m'effraie, c'est ce putain de sentiment de culpabilité que je me traîne, cette impression de mal faire, alors même que je suis convaincue du bien-fondé de ce que je fais. Tout ça parce que ma mère regarde tout ça de travers, et redoute que je devienne une "simple femme au foyer, sans ambition". Non, elle n'a pas dit ça, mais je pense que ces mots traduisent assez bien ce qu'elle ressent. Et pourtant, Dieu sait (et il n'est pas le seul à le savoir) que les femmes au foyer sont tout sauf inactives, bien au contraire!

 

Mais depuis que je suis mère, j'essaie de relativiser tout ça. J'essaie de tourner dix-huit fois mes neurones dans ma tête avant de rétorquer en hurlant/jurant/m'énervant. J'essaie de comprendre. J'essaie d'apaiser le dialogue.

Ce n'est pas évident, ça prend du temps, mais j'ai déjà fait de considérables progrès, je trouve. (Même s'il y a encore des sujets qui m'irritent...).

Parce que, pendant ma grossesse, j'étais imbuvable avec ma mère (enfin, surtout au début). Je ne supportais pas qu'elle se réjouisse de la venue de mon enfant, je ne supportais pas qu'elle projette tout plein de choses pour ma fille, je ne supportais pas qu'elle me donne des conseils. Ca a duré bien quatre mois, peut-être cinq. Et puis, déclic, j'ai réfléchi, et je me suis demandé une bonne fois pour toutes pourquoi diable je voulais l'écarter de ma grossesse. Et j'ai compris. Ce qui m'effrayais, c'était bien cette formidable influence qu'elle a toujours exercé sur moi, le fait que je sois presque incapable de faire quelque chose contre sa volonté... Et finalement, j'avais peur qu'elle prenne la main sur l'éducation de ma fille, peut-être d'en être dépossédée? Une fois que j'avais compris cela, c'était beaucoup plus simple. J'ai réussi à calmer mes angoisses, et ma mère a su trouver sa place. Enfin, peut-être pas en tant que grand-mère, mais elle est là pour moi, et s'occupe énormément de mon bien-être, et je me sens plus sereine, car je sais qu'elle ne cherchera pas à empiéter sur mon territoire!

 

Peu à peu, j'apprends à voler de mes propres ailes. Peut-être que c'est ce que mon nouveau statut de mère m'a apporté: un début d'affirmation de soi. Comme si le fait d'élever ma fille me faisait prendre conscience que j'étais capable de prendre seule des décisions, capable de vivre ma vie sans le regard de ma mère, approbateur ou désapprobateur. Son regard comptera toujours, et sera toujours présent. C'est ainsi, et je crois que je serais malheureuse si ça devait changer. Mais je commence enfin à oser. Oser affirmer ce que je veux.

Maintenant, mon père aussi me pose problème... Il a plus ou moins le même discours que j'entends sans arrêt: arrêter l'allaitement, laisser ma fille pleurer, et ci et ça. Là, pour le coup, ne pas avoir son aval ne me dérange pas. Mais par contre, je suis bien incapable de le lui dire! Alors que face à ma mère, ça tonne, ça détonne même!

 

Ah, que c'est compliqué de devenir autonome/adulte (les deux ne sont-ils pas synonymes, au fond?)! On croit qu'on le devient à 18 ans, puis on croit qu'on l'est en emménageant seul, on se dit que cette fois c'est bon en prenant son premier boulot sérieux, on est sûr qu'on l'est en se mariant, et finalement, c'est peut-être lorsqu'on doit s'occuper d'un enfant qu'on le devient, par pure obligation...

 

Je pose aujourd'hui les jalons de la vie future de ma fille. Et ce faisant, je continue de construire la mienne.

 

À suivre...

 


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commentaires

M
<br /> Tres bien cet article !!! moi j'ose même pas en faire un sur ma mere ...vue qu'elle lis le blog ... et que j'imagine pas la confrontation.<br /> Bon j'ai la chance (ou non ...) d'être à 300km de distance ...<br /> Heu a quant un article sur la belle mère ... oh pu**** j'aurai de strucs a dire la dessus !!!! lol<br /> Bises<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Oh, la bonne idée, les belles-mères... Enfin, de ce côté-là, je suis plutôt gâtée, mais je pourrais recueillir ici de nombreux témoignages.<br /> <br /> <br /> En même temps, ne pas oublier qu'un jour, les belles-mères, ce sera nous!<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> C'est très interessant ce que tu dis et le recul que tu arrives a prendre sur les choses, ta capacité d'analyse de la situation, dans laquelle tu es pourtant super impliquée. Ta grossesse et ta<br /> maternité semblent avoir constitué une période initiatique. Et je pense que c'est le cas pour tous quand on devient parents pour la première fois, a différents niveaux.<br /> De mon coté, je n'ai aucun problème avec ma mère, ça se passe très bien (et encore mieux avec mon père qui ne se permet pas trop de donner son avis sur ce que je fais, il profite juste de son<br /> petit-fils et a osé pour la première fois prendre un nouveau-né dans ses bras quand il l'a découvert). J'avoue que oui, je craignais quand même que mes parents ou d'autres adultes, surtout pour les<br /> débuts où on tatonne beaucoup, se permettent de me dire comment je devais faire ci ou ça. Et finalement, personne ne s'est permis, mes parents et beaux-parents restent a leur place. Ils savent<br /> écouter et conseiller sans influencer je dirais, ça se passe bien !<br /> Bon courage pour la suite mais tu as l'air d'être sur la bonne voie et de gérer !<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Oui, c'est sûr que quand on est maman débutante, on est partagée entre le sentiment de ne rien savoir, et l'instinct qui nous pousse à protéger notre petit comme une louve...<br /> <br /> <br /> Ce qui est évident, c'est que la maternité change tout...<br /> <br /> <br /> Merci pour ton commentaire!<br /> <br /> <br /> <br />

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